La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

mardi 31 décembre 2013

Mon beau sapiiiiiiiiiiiiiiin !


Noël est déjà passé depuis quelques jours et je ne suis pas synchrone ! Certes, le sapin scintille toujours dans le salon, grâce à mes soins quotidiens. Pulvérisations d'eau fraîche sur les branches, et ses aiguilles sont toujours aussi drues et insolentes. Mais je suis en retard pour publier mon sapin, déjà envoyé aux amis pour les fêtes. Je poursuis ma série, commencée l'année dernière avec les baleines d'un parapluie, cette fois-ci vêtues d'un jupon de tulle importable, même par une princesse déjantée. Des baleines en tutu pour un Noël 2013, arrosé d'une pluie de confettis pour finir l'année ! Et hop !
Mon beau sapiiiiiiiiiiin
Roi des forêêêêêts
Que j'aime ta verduuureu !


Sinon, ce petit billet sans prétention n'a d'autre but que de célébrer Noël. Le famous blog fait une trêve de quelques jours, et la princesse boit du champagne à petites gorgées, d'une manière qui se veut très distinguée. Je vous fait grâce de mon repas de réveillon mais pas de ma sélection de sapins sinpatoches, gais et plein d'idées ! Pour le fun, l'humour, l'esprit récup qui contamine Noël et se joue de la morosité en période de crise !








Humble petit sapin, mon préféré
Et pour terminer, deux jolis contes de Noël. J'ai trouvé le premier dans le courrier des lecteurs de Télérama. La moitié des détenus de la maison d'arrêt de Saint-Brieuc, soit 90 personnes, ont prélevé sur leurs ressources pour offrir 300 kilos de denrées alimentaires aux Restos du Coeur. La seconde histoire est celle de Christian Bucks, un petit garçon new-yorkais qui a convaincu son directeur d'école d'installer dans la cour un banc de l'amitié. Si un élève se sent seul, il peut s'asseoir sur ce banc et ses camarades, immédiatement avertis, peuvent venir le rejoindre, parler avec lui ou l'entraîner dans leur jeu.

Joyeuses Fêtes

dimanche 1 décembre 2013

Trop c'est trop ! Les chœurs de complainte

Moi, il y a des tas de choses qui m'énervent et qui me donnent l'occasion de râler sans vergogne (et après, je m'en veux, je me trouve pitoyable, et je me plains encore davantage).
La réclame qui saucissonne ma série préférée du moment, les sonneries de portable pendant le film au cinéma ou au restaurant, ou sur la plage, les gens qui hurlent au téléphone dans le train, partageant des conversations fascinantes sur les étapes de leur parcours ferroviaire, le tas de poussière qui s'amenuise à chaque coup de balayette qui l'expédie dans la pelle mais qui résiste jusqu'au bout, un mince filet grumeleux systématiquement réfractaire que je retrouve narquois sur le carrelage une fois que j'ai rangé le matériel, la couette qui s'ingénie à faire des bosses dans la housse et qui lâche aux pieds, livrant mes orteils aux courants d'air, les fichiers joints que je ne parviens pas à ouvrir, les listes pléthoriques indiscrètes de destinataires de courriels, tous ceux et celles qui m'invitent de façon péremptoire (et répétée) à consulter leur profil, les spams intempestifs, les chaînes magiques terroristes qui me prédisent un malheur épouvantable si je ne prends pas en otage 12 malheureux amis pour relayer un mantra obscur qui apporte la fortune, les horribles diaporamas de couchers de soleil, ou de chatons affectueux qui illustrent un message d'amitié dégoulinant de tendresse délivré dans un français approximatif, les messages sur les forums bourrés de fautes d'orthographe, les clients qui demandent à la pharmacienne d'écrire leur traitement sur chacune des boîtes de médicaments alors qu'ils ont une ordonnance, la sonnette de la porte d'entrée du hall de l'immeuble qui m'avertit de l'arrivée de quelqu'un qui ne vient jamais, parce que c'est un juste un moyen de se faire ouvrir pour déposer des prospectus dans la boîte aux lettres, la boîte aux lettres remplie de prospectus malgré le papillon qui stipule que je ne veux pas de prospectus, le démarchage téléphonique pour une mutuelle, une assurance, un crédit, un nouvel abonnement internet, les parkings souterrains, d'abord parce qu'il faut que je retrouve la voiture, puis le ticket et enfin la sortie, les toilettes quand je m'aperçois qu'il n'y a pas de papier, les toilettes quand je m'aperçois que la porte ne ferme pas, les toilettes quand je m'aperçois que l'essuie-mains électrique est en panne, la télé réalité et la réalité de la télé, ma tête quand je sors de chez le coiffeur, mon nez bouché quand je suis enrhumée, l'eau qui devient glacée quand je prends ma douche, l'eau qui devient bouillante quand je prends ma douche, le pull qu'il faut que je porte absolument et que ne trouve pas dans l'armoire alors que je suis pressée, ça y est je suis en retard, les photos floues, surexposées, sous exposées, bref les photos ratées, la semelle de ma chaussure engluée de chewing-gum...
Je pourrais continuer comme ça encore très longtemps, et trouver tout un tas de bonnes raisons de râler, rouspéter, bougonner, ronchonner, maugréer, pester, rager, récriminer, bisquer, geindre, bref manifester haut et fort ma mauvaise humeur (et perdre tout sex-appeal). Je reconnais effectivement qu'une mégère n'a aucun charme et fait fuir les meilleures bonnes volontés du monde. Il n'y a que dans les films américains qu'une pétasse prétentieuse acariâtre rencontre le prince charmant, doté d'une patience inaltérable, en plus de son physique avantageux et de son compte en banque alléchant. Mais j'arrête de dénigrer, c'est promis.
Si râler veut dire se plaindre, c'est aussi respirer difficilement, le souffle produisant un son rauque, signe que la fin est proche. Il me suffit d'avoir l'air d'une virago, sans cumuler en plus des troubles respiratoires et frôler l'agonie. Agonir d'injures la source de mon mécontentement et de ma frustration est déjà suffisamment rédhibitoire sans que je me mette dans un état de délabrement lamentable. Même si j'ai parfois le sentiment que ronchonner me soulage, il n'en est rien. Cela m'abîme, ternit ma journée, ravage mon énergie, dénature mes relations aux autres. Réagir en victime me fait perdre tout pouvoir sur ma vie. Je ne peux peut-être pas changer les choses, mais je peux changer mon comportement face aux évènements et refuser de me laisser emporter.


Si râler permet d'installer la connivence avec d'autres râleurs, et de râler en chœur, comme sur le site http://www.viedemerde.fr/ qui recueille les anecdotes de la vie quotidienne franchement affligeante des lecteurs, certains ont décidé d'aller plus loin et de transformer leur récriminations collectives en évènement artistique. Ils ont ainsi créé une chorale pour chanter leur agacement, et partager avec humour ce qui se partage le mieux par les temps qui courent : le mécontentement !
J'étais persuadée que les Français portaient haut l'étendard de la grogne élevée au niveau d'un sport national, mais je me trompais lourdement. Le premier chœur de doléances et autres rouspétances chantées est finlandais ! Ou comment rendre la mauvaise humeur agréable à entendre, sublimer l'énergie négative, et prendre la distance nécessaire pour redonner du goût à l'existence.
Deux artistes, finlandais donc, ont eu l'idée de demander à leurs compatriotes d'exprimer leurs plaintes. Tellervo Kalleinen et Oliver Kochta-Kalleinen bousculaient les conventions et œuvraient en même temps pour la santé publique, les Finlandais n'ayant pas pour habitude de se laisser aller. Ils ont d'abord recueilli de multiples jérémiades et les ont mises en musique, avant de proposer à toute personne désireuse de participer de venir pousser la chansonnette. Le premier chœur de complainte venait de naître à Helsinki, revisitant le chœur antique des pleureuse dans les tragédies grecques. Ils ont exporté leur projet, 110 chœurs de complainte existent aujourd'hui de par le monde, Birmingham, Hong-Kong, Tokyo, Saint Petersbourg, Berlin, Le Caire, Jérusalem, Budapest, Paris... Toutes les vidéos sont en ligne sur leur site http://www.complaintschoir.org/choirs.html où ils proposent même un mode d'emploi pour créer sa propre chorale rouspéteuse. Il est rassurant de s'apercevoir que si les êtres humains sont traversés par les mêmes questions existentielles, la plainte est également universelle et que toute culture confondue, elle porte sur les mêmes thèmes : la politique, les transports, la météo, le téléphone portable, les programmes de télévision, les crottes de chien sur les trottoirs... nous sommes tous d'accord sur les mêmes sujets de mécontentement. Voilà de quoi rapprocher les individus, et savoir qu'à l'autre bout du monde les gens ont les mêmes soucis insignifiants, colle une baffe à l'ego et relativise la notion d'identité nationale.




Honneur aux pionniers, avec une vidéo du chœur de complainte d'Helsinki. Avec la plainte Ce n'est pas juste comme refrain, ils égrènent la liste hilarante de leurs agacements quotidiens : pourquoi le fil de l'aspirateur est-il trop court, c'est exactement comme l'été, mes chaussettes glissent quand je marche, les jolis chemisiers perdent toujours leurs couleurs au lavage, les moches jamais, pourquoi toujours moi, personne n'est jamais d'accord avec moi, les mouchoirs en papier sont rugueux, le tram sent la pisse, mes rêves sont ennuyeux, Noël arrive chaque année plus tard, nos ancêtres auraient pu choisir un endroit plus ensoleillé pour vivre...
Dans un registre un peu différent, le site du plasticien Benjamin Isidore Juveneton http://adieu-et-a-demain.fr/ . Bribes du discours amoureux ouvertement machistes, slogans de loosers décomplexés, parodies carnassières, ses phrases choc cyniques sont souvent très drôles, épinglant l'arrogance et la médiocrité de nos modes de pensées formatés. Florilège :

Si ça continue, va falloir que ça cesse.
Tu préfèrerais mourir longtemps ou mourir souvent ? 
Je vis déjà avec toi.
Optimiste. Celui, qui même à terre, continue de tomber.